Ce lundi, le banquier Fortunato Benacerraf Saias, directeur de la banque « 100% Banco » a été arrêté et mis en examen pour ses liens avec deux autres entrepreneurs dans le cadre de l’enquête sur le vaste sabotage informatique contre le Conseil National Électoral pour saboter l’élection de l’Assemblée Constituante du 30 juillet prochain. Cet exemple rappelle qu’au Venezuela la rébellion est celle des riches.
Benacerraf, leader en vue d’une famille de trois générations de banquiers, s’ajoute à une liste croissante de chefs d’entreprises de divers secteurs de l’économie qui ont participé activement et directement aux déstabilisations visant à renverser le gouvernement de Nicolas Maduro, élu président de la république en 2013.
Bien que la grande bourgeoisie vénézuélienne et ses opérateurs politiques, associés en une coalition complexe de partis appelée « Plateforme de l’Unité », ont toujours tenté de maintenir un voile discret sur leurs représentants, ils n’ont pu occulter le rôle opérationnel des premières fortunes d’un pays où le secteur privé contrôle 80% de l’économie.
Le banquier dont l’arrestation est annoncée aujourd’hui, est lié à Aristides Moreno et à Roberto Picon accusés de programmer une attaque cybernétique contre le réseau de l’organisme électoral, dans le but d’empêcher l’élection des participants à l’Assemblée Nationale Constituante prévue pour le 30 de ce mois. Moreno est le PDG (CEO) et le fondateur d’un conglomérat de services financiers : Inversur. Il est aussi président d’une compagnie de distribution de gaz pour les particuliers à Caracas : Domegas. De plus il appartient à la direction d’une autre enseigne de commercialisation de produits d’hygiène et de services de fumigation : Fuller de Venezuela. Picon, lui, est directeur et sociétaire d’une entreprise dans le domaine des technologies de l’information : Consultores e Ingenieros (Consein) ; celle –ci opère au Venezuela et au Panama et est le principal allié commercial de Microsoft. Dans cette dernière entreprise, le principal actionnaire est Isaac Saias Eseyeg, de la famille du dit Fortunato Benacerraf, et directeur de « 100% Banco ».
Notons que dans les médias privés, majoritaires au Venezuela, Moreno et Picon ont toujours été présentés comme conseillers de la MUD (plate-forme de l’opposition de droite) sans que jamais on nous informe sur leur fonction de patrons, sans doute dans le but de réduire l’impact public de ce renseignement.
Une des actions les plus importantes des groupes économiques pendant l’étape la plus violente de la confrontation a été l’apport de fonds pour financer ce type d’activité. Pour cela, ils ont organisé des programmes de collecte de dons sur des pages internet spécialisées et les réseaux sociaux.
Une analyse des trois initiatives les plus marquantes qui, en dix jours, ont réussi à collecter près de cent mille dollars, pour l’achat de casques, boucliers artisanaux et produits médicaux pour les manifestants, révèle la participation de jeunes héritiers de familles fortunées résidant dans des villes des Etats-Unis comme New York et Miami. C’est le cas de Hector Castro Gaspard, résident à Miami, de Aurora Kearney Troconis et Nelly Guinand, établies à New York.
On remarque aussi l’existence d’une bande organisée qui a attaqué au mortier de type bazooka les installations de la base aérienne La Carlota. Les frères Ricardo et José Gabriel Adib Yatim, propriétaires d’entreprises, de fabriques de meubles par exemple, y ont agi en collaboration avec Andrés Sena Pereira, représentant d’une entreprise d’importation de produits alimentaires qui a reçu, en 2014 seulement, plus de 10 millions de dollars préférentiels de l’Etat vénézuélien. De même, l’un des hommes qui a participé au lynchage du jeune Orlando Figuera, brulé vif le 20 mai à Altamira, est Enzo Franchini Oliveros, 32 ans, sociétaire et administrateur d’une compagnie de la construction liée au géant brésilien Odebrecht.
Il existe d’autres histoires au sujet de la participation de membres des classes aisées, dans ce cas agraire ; par exemple celle d’un grand propriétaire de Barinas qui a prêté une machine excavatrice pour faciliter les pillages et destructions de bâtiments publics dans la ville de Socopo. Cependant que dans l’état de Mérida, des informations ont été réunies sur les agissements d’un éleveur qui a financé avec nourriture, boissons alcoolisées et armes ceux qui pratiquaient la violence dans la municipalité de Obispo Ramos de Lora.
Ces exemples confirment que la supposée « rébellion démocratique » au Venezuela est réellement dirigée et mise en œuvre par une partie des dirigeants d’entreprises qui ont vu leurs intérêts menacés par les politiques d’inclusion sociale et de redistribution de la rente pétrolière développées par le président Hugo Chavez et continuées par l’actuel chef de l’état, Nicolas Maduro.
Source : http://latabla.com/venezuela-la-rebelion-de-los-ricos
Traduction : Marie-Claire Richard
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